Feature 08/05/2015

La délicate équation du PS en Ile de France renforce t-elle Valérie Pécresse?

by Rédaction

Lundi soir, à Cergy, Jean-Paul Huchon  présentait son bilan  lors d’une réunion intitulée « Brassons nos idées » auprès des socialistes franciliens. Il faisait part de son attachement « à réduire la fracture sociale entre les différents territoires, sa volonté d’être proche des administrés face à Valérie Pécresse animée par la volonté de prendre sa revanche ». Son entourage, prenant acte de l’annonce de Claude Bartolone quelques jours auparavant de ne pas briguer la présidence de la région , considérait même comme envisageable un désistement de Marie-Pierre de la Gontrie.

Jeudi, in extremis, la décision de Claude Bartolone, pressé – semble t’il- par les instances nationales du parti socialiste  de briguer la présidence de l’Ile de France, a changé la donne. Mais la position initiale de Claude Bartolone n’était-elle pas une bonne analyse politique? La gestion de Jean-Paul Huchon n’a jamais été remise en cause, et il a investi toute son énergie afin que la région d’Ile de France  puisse rester aux mains des socialistes.

La campagne de Valérie Pécresse est en effet engagée depuis plusieurs mois avec des moyens importants. Si, à ce jour, ses propositions de campagne pour le futur de l’Ile de France  sont plus « cosmétiques » que représentatives d’un programme ambitieux qui soit de nature à remettre en cause les grandes lignes de la  gestion de la région l’Ile de France. Il n’en demeure toutefois pas moins qu’elle connaît bien ses dossiers, et concentre ses actions sur une remise en cause tous azimuts des décisions prises par la majorité actuelle.

Par ailleurs Valérie Pécresse entend bien conforter l’élan significatif déjà donné à sa campagne par sa capacité à faire entendre ses critiques sur le bilan de la mandature qui s’achève en décembre. Par sa présence régulière au sein de l’hémicycle du Conseil Régional de l’Ile de France, elle dispose d’une excellente connaissance des arcanes de la région,en plus de l’appui de son parti. Son action est relayée par de multiples conférences de presse où n’est pas convié qui veut. Et si aucune solution innovante n’est trouvée pour permettre à Jean-Paul Huchon de défendre son bilan face aux urnes , Claude Bartolone  va devoir assumer seul cette tâche face à Valérie Pécresse.

La position de Claude Bartelone risque donc d’être initialement  délicate. Il devra faire face aux différents courants politiques de gauche et de droite, ainsi qu’à une remise en cause systématique des actions de la gouvernance socialiste de l’Ile de France et de Paris par l’opposition. Claude Bartolone, quatrième personnage de l’Etat en tant que Président de l’Assemblée Nationale, sera-t’il perçu auréolé de cette position par les Franciliens? Sa proximité appuyée au pouvoir ne risque t’elle pas de faire que le débat national ne s’invite dans ces élections, et fasse passer celui sur la région au second plan. D’une manière générale les français ne sont-ils pas saturés d’Etat-Spectacle et ne préfèrent-ils pas un candidat proche et présent?

Jean-Paul Huchon a pour lui d’avoir réussi, aux précédentes élections régionales, à contrer Jean-François Copé en mars 2004, et en octobre 2009 Valérie Pécresse. Il a su s’opposer constamment aux attaques incessantes de Valérie Pécresse sur son action politique. Trois mandatures donnent un élan à Jean-Paul Huchon, et sa présence constante auprès de ses administrés pourrait peser d’un poids politique et électoral beaucoup plus important qu’il n’y parait de prime abord. On peut dans ce cas se demander si les fruits électoraux peuvent revenir à une personne différente de l’instigateur de mesures sociales, comme par exemple la mise en place du pass naviguo unique, conséquences d’une volonté constante de Jean-Paul Huchon.

Les compétences sans cesse élargies de la région ont modifié et accru le poids politique des Présidents des Régions. La campagne sera longue et il semble difficile pour Claude Bartolone d’être à la fois présent au perchoir de l’Assemblée Nationale et sur le terrain de la campagne, face à Valérie Pécresse  fortement décidée à la gagner. Par ailleurs les dates choisies pour ces élections, les 6 et 13 décembre 2015, très proches de Noël et  déconnectées d’autres scrutins,  n’excluent pas un possible et relatif désintérêt pour cette élection comme à un important absentéisme électoral, situation qui pourrait être favorable au sortant, Jean-Paul Huchon. Pour que le choix du troisième candidat providentiel, délicat pari proposé par les instances nationales du parti socialiste,  puisse d’ores et déjà apparaître  comme une habile manoeuvre politique, il faudrait donc que les prochains sondages fassent apparaître un gain significatif, et même une avance en faveur de Claude Bartolone face à Valérie Pécresse.
Jean Cousin

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