Le parcours chaotique de certaines oeuvres, passionne plus, parfois, que la reconnaissance éclatante et perpétuelle accordée à d’autres. En l’occurrence le tableau « La Sainte-Anne » de Leonard de Vinci se rapproche plus de cette première catégorie d’oeuvres . La présentation au public de ce tableau restauré se pare de tous les atouts pour susciter les passions: une oeuvre un temps niée, puis rétablie parmi celles de la salle consacrée à Léonardo da Vinci, l’une des 26 oeuvres dont le parcours est tout en « romanesque ». Une oeuvre inachevée, une oeuvre dont la gestation dura plus de 15 ans, une oeuvre dont les outrages du temps avait terni et dénaturé les couleurs, dissimulé l’éclatante maîtrise des détails, mais aussi une oeuvre- testament puisqu’il s’agit de la dernière peinture et de l’ultime oeuvre picturale de Léonard de Vinci. Une oeuvre déterminante encore qui influença non seulementr beaucoup des contemporains de Vinci, mais interpela nombre d’artistes d’époques plus récentes .
Cette oeuvre, en dépit de nombreuses vicissitudes grâce aux acquis les plus aboutis de la recherche scientifique en matière de restauration a pu recouvrir l’éclat qu’elle avait il y a près de 500 ans. Structurée à partir du contexte dans lequel la peinture a été élaborée, cette exposition présente également des oeuvres qui ont été créées durant cette lente maturation (des dessins préparatoires, différentes esquisses du travail de Léonard de Vinci, 3 études de composition, celle que l’on peut trouver normalement à Londres au British Museum, à Venise à La Galleria dell’Academia et au Louvre). En effet la multiplicité des esquisses des cartons révèle combien la composition a changé au fil du temps. Léonard a multiplié les recherches en matière de conception et d’exécution picturales, ce qui favorisa un climat d’émulation extraordinaire parmi les Florentins contemporains de l’oeuvre, qui furent immédiatement fascinés par celle-ci. Ce long travail de maturation, exceptionnel dans l’histoire de la peinture européenne, influença grandement Michel-Ange, Raphaël et Piero di Cosimo. Présentée dans le Salon Carré au XIX ème siècle « La Sainte Anne » fut copiée par les plus grands artistes de cette époque, Delacroix, Manet, Carpeaux.mais par delà le foisonnement d’oeuvres suscitée par ce tableau à travers les siècles, au delà de cette formidable enquête menée à travers le temps pour appréhender la réalité de l’oeuvre, c’est aujourd’hui un magnifique travail de restauration qui conjugue à la fois le respect de l’oeuvre initiale, mais s’attache aussi à livrer au public une oeuvre telle que le temps la métamorphose, et dont la matière est susceptible de variations. Cette quête fondamentale de l’oeuvre telle qu’en elle-même mais aussi telle qu’elle reste ignorée livre au spectateur une oeuvre en mouvement, source d’émotion nouvelle mais aussi riche de ses anciens mystères.
Forks magazine
© Forks 2012
Informations pratiques
Du 29 mars au 25 juin 2012
Lieu :
Hall Napoléon, sous la pyramide
Tarifs sur place :
Billet spécifique à l’exposition : 11€.
Billet jumelé (collections permanentes et exposition) : 14€.
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9 h à 18 h. Nocturnes les mercredi et vendredi jusqu’à 21h45, les samedi et dimanche jusqu’à 20h.
Renseignements :
01 40 20 53 17