Le 19 mars 2020 s’est tenue en Principauté de Monaco une Séance Publique Extraordinaire du Conseil National. Fait particulier à la Principauté, une séance Publique Extraordinaire se déroule sans public, mais son objet est de l’ordre public. L’ordre du jour en était la discussion d’une proposition dans le but de « soutenir la lutte contre le COVID 19, accompagner les résidents, l’ensemble des actifs et des acteurs économiques de la Principauté ».
Cette situation délicate s’est retrouvée aggravée du fait de l’annonce du diagnostique positif du Prince Albert II au Covid 19, bien que, là aussi, les nouvelles de la santé du dirigeant de Monaco ne soient pas de nature à être inquiétantes. Pour l’heure il ne s’agit probablement pas d’une vacance, à tout le moins d’un empêchement.
Mais, dans le même temps, le Conseil National dirigé par Stéphane Valeri a engagé la tenue d’une session extraordinaire. Cette séance-marathon, qui a duré près de 5 heures, faisait suite à deux événements rares dans la vie politique monégasque: une allocution du Prince Albert II diffusée lundi soir, et la lecture d’un message du Prince lors de l’ouverture de cette session.
Le message a été clair: garder en ces heures difficiles le principe de l’Unité du Pays et de sa Constitution.
Dans ce contexte, la question se pose de connaître les réelles intentions politiques de Stéphane Valeri. Se projetterait-il dans le cadre d’un hypothétique remaniement constitutionnel qui transformerait la structure actuelle du pouvoir? Un remaniement qui lui permettrait d’avoir un rôle plus proche de l’exécutif que celui qui lui est actuellement dévolu.
Sa marge de manoeuvre est étroite: il doit sa carrière au Prince et, dans le même temps, lui porter allégeance. Or Stéphane Valeri poursuit une politique de remise en cause des actions du Gouvernement. C’est là son principal cheval de bataille. Et il est certain que les demandes ou critiques émises contre le gouvernement ne sont pas souvent infondées.
Il n’en demeure pas moins que ses chances de succès sont étroites. Modifier ainsi les rôles, au sein de l’équilibre subtil existant, sans qu’ils ne servent les intérêts du Prince, supposerait de mettre en oeuvre des modifications de la Constitution de 1962. Mais, dans ce cadre, il est certain que les modifications de la Constitution pourraient être de nature à bouleverser le subtil équilibre qui régit les rapports entre la France et Monaco.
Le Prince s’avère ainsi le garant d’une certaine continuité, une continuité que Stéphane Valeri ne pourrait peut-être pas incarner en tant que nouvel interlocuteur.
Jean Cousin