Le Mondial et  » Zero M »

by Rédaction

Le Mondial est le focus du moment. Toute la presse se concentre sur les nouveautés: changement de modèles, de types de propulsion, projets à l’hydrogène, à l’électrique. Nous avons décidé d’analyser différemment les news de ce Mondial, en vous présentant la gamme d’un constructeur californien de « motos » électriques, Zéro Motorcycles. Car, en fin de compte, aujourd’hui la problématique apparaît identique, qu’il s’agisse de voitures ou de motos électriques: tout se résume en autonomie et esthétique.

Côté esthétique, Renault nous a gratifié d’une petite baignoire sur quatre roues: la Twizy, dont le principal avantage, par forte pluie, est de tremper jusqu’aux os son heureux conducteur. Quitte à être mouillé jusqu’aux os, analysons donc la proposition de Zero Motorcycles. Des modèles puissants de 54 chevaux, une autonomie allant jusqu’à 220 km/H. La capacité d’un véhicule électrique à assurer des distances raisonnables, voilà le problème. Payer une moto électrique de 8000 à 16000 euros pour un rayon d’action limité peut laisser indécis. Richard Walker, CEO de Zero Motorcycles, affirme avec enthousiasme qu’«  avec une autonomie pouvant aller jusqu’à  220 kilomètres en ville, et une vitesse maximale de 153 km/h, sans oublier l’accessoire CHAdeMO qui permet la recharge en une heure environ, la gamme 2013 est vraiment exceptionnelle ».  Il y a certes une amélioration, mas non la remise en cause de la suprématie de « l’or noir » pour le « rayon d’action ». En outre, n’ayant pu essayer ces modèles, notre analyse, singulièrement limitée par l’absence de possibilité de vérification des annonces de Zero Motorcycles, révèle en l’occurrence tous les paradoxes des propositions électriques.

Si le nombre de stations service décroit rapidement, passant ainsi de 47500 unités en 1975 à près de 10 000 aujourd’hui, les causes sont principalement selon l’Ufip (Union Française des Industries Pétrolières) qui nous a expliqué la raison de cette baisse  en deux points. D’une part l’approvisionnement en carburant par la grande distribution, extrêmement présente partout en France, nuit à l’offre  des petites stations. L’Ufip souligne comme effet secondaire  le fait que les prix du marché sont plus largement influencés par les grandes surfaces que les groupes pétroliers.

D’autre part les nouvelles législations – dont les dispositions à but  écologique- impliquent des travaux souvent trop coûteux pour les modèles économiques classiques. L’électricité viendrait donc à point pour renforcer le réseau. Toutefois un autre facteur intervient. La consommation. Il y a 20 ans une automobile consommait en moyenne 14 l aux 100 km. Elle ne consomme désormais plus que 5 l aux 100 km. Par conséquent les automobilistes ont besoin de moins de pompes à essence. A contrario les voitures et motos électriques ont besoin de plus de points de chargement,  un vrai problème de Shadocks. De surcroît la recharge d’une moto, dans le cas de la gamme Zero Motorcycles serait de l’ordre d’une heure, il n’est que de quatre à six minutes pour une voiture ou une moto roulant à l’essence.

A ce jour il n’existe que très peu de bornes pour  recharger les véhicules électriques. Paris, envisageant d’être pionnier en la matière, a accordé une formidable concession sur la voie publique à Bolloré pour ces fameuses voiturettes, dont certains pourraient considérer que le seul signe d’esthétisme se résume au sigle pinifarina. Le principal intérêt financier de l’électrique se retrouve donc pris en otage par l’absurde proposition du « modèle économique » de Bolloré, avec Autolib qui est de  facturer le  rechargement à près de 5 euros de l’heure sur ses bornes – chargement de plus limité à 2 heures 15 – , en sus d’un abonnement de 180 euros par an. Dans la mesure où il faut 4 ou 5 heures pour recharger une voiture, le calcul est vite fait en temps et argent, le coût au 100 km est de l’ordre de « vingt euros ». Le coût pour la collectivité est  au travers des subventions d’un montant total de 250 millions d’euros (dont 50 millions de la Ville de Paris, 70 millions des collectivités franciliennes et 130 millions de prêts) Nous évoluons donc dans une situation où le paradoxe semble être le principal moteur de réflexion « écologique ».

Jean Cousin

Forks magazine © Forks 2012

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