Conférence de presse au QG de campagne d’Emmanuel Macron, dès le début de son intervention Richard Ferrand témoigne d’une volonté d’apporter une touche humaniste au mouvement « En Marche » avec le rappel du récent décès de Corinne Erhel.
Puis, sans transition, le réel reprend ses droits: Emmanuel Macron a démissionné à midi du mouvement, un nouveau présiden t a été nommé, annonce d’un nouveau nom pour « En Marche », et présentation jeudi de la liste des candidats aux élections législatives.
Richard Ferrand annonce que la présidence par intérim est dorénavant assurée par Catherine Barbaroux, et informe du changement de nom du mouvement. Sur décision du conseil d’administration le mouvement « En Marche » devient « La République en Marche ». Un congrès « fondateur » est prévu pour le 15 juillet avec, à l’appui, une consultation par internet afin d’être respectueux du principe de fonctionnement du mouvement.
En attendant jeudi pour le dévoilement de la liste des investis pour les législatives, Richard Ferrand insiste pour qu’en quelque sorte ce deuxième acte pour « En Marche », celui de la campagne législative, soit en phase avec « les pratiques authentiques », un acte qui se situe après « le premier acte de la refondation de notre vie politique, » suite à l’élection d’Emmanuel Macron.
La communication de la liste, prévue pour jeudi, est expliquée en ces termes par Richard Ferrand: « C’est une bonne date. De plus il y a des vérifications à faire». Il revient à nouveau sur ce qui a constitué pour une large part les concepts initiaux du mouvement « En Marche »: investitures dans les 577 circonscriptions « , »respect des principes donnés »… , »pluralisme de sensibilité et renouvellement de la classe politique » avec 50% des candidats issus de la société civile et 50 % de femmes. En insistant sur les conditions exigées pour l’acceptation des candidatures Richard Ferrand évoque l’obligation d’avoir un casier judiciaire vierge et, bien que cela ne concerne que les 50% issus de la »classe » politique », aucune peine d’inéligibilité prononcée.
Richard Ferrand rappelle le travail de Titan mené par les équipes de bénévoles, et confirme à nouveau que les candidats s’inscriront dans le groupe parlementaire pour mettre en œuvre la politique pour laquelle Emmanuel Macron a été élu Président de la République.
Il souhaite en outre insister sur les éléments de la campagne législative qui vont « garantir la lisibilité et la cohérence »(…), » le refus d’accord d’appareil et de toutes doubles investitures », le tout conforme aux décisions de la commission d’investiture nationale. De même, afin de rassurer l’électorat, il confirme que tout se « situe en droite ligne des principes qui ont initié le mouvement » et, en outre, « parfaitement fidèle à ses valeurs », à « la gratuité d’adhésion », à « la liberté d’organisation locale », et à « la possibilité d’appartenir à d’autres partis ».
La ligne de partage entre les membre de la société civile, ceux qui n’ont pas de mandat, et ceux qui possède déjà un mandat électif de quelque nature que ce soit., est clairement définie. De même il semble que le conseil d’administration ne demande à personne de « déchirer sa carte » car ce sont plutôt les partis qui radient ceux qui se sont ralliés à » En Marche ».
A la séance de questions avec la presse, Richard Ferrand insiste à nouveau sur le fait qu’il n’y pas d’accord d’appareil, mais une alliance avec François Bayrou, que ses députés seront administrativement rattachés au Modem, et siégeront dans un groupe ad hoc. Il existerait donc un lien constant avec ceux et celles qui ont choisi de suivre Emmanuel Macron. « L’enjeu des élections à venir » n’est pas de transformer le mouvement en « une machine à propulser des candidats, mais de participer à la vie politique » . Car « L’objectif est d’avoir une majorité puissante ».
Toutefois le plan de bataille ainsi exposé se heurte d’ores et déjà à une enquête Harris-Interractive-M6 publiée dimanche. L’alliance « En Marche-Modem » recueillerait 26% des intentions de vote, devant la coalition LR-UDI à 22%, ex aequo avec le FN lui aussi avec 22%, suivis par la France insoumise à 13%. Il est certain que le découpage des communes et les diverses triangulaires sont de nature à modifier fortement le pourcentage réel de députés élus « in fine » au Palais Bourbon. Mais il n’en demeure pas moins qu’il reste 6 semaines pour infirmer l’éclairage ainsi donné par ce sondage, et que le raz-de marée présenté par Emmanuel Macron lors de ses meetings comme une étape logique soit au rendez-vous.
Jean Cousin, Pierre Cusson