Feature, News, Politique 12/05/2017

Les investitures de « La République En Marche »: une affaire complexe

by Rédaction

Tout roule-t-il pour le choix des investitures au sein du parti « la République en Marche », car c’est avec plus de trois quarts d’heure de retard que les journalistes ont pu accéder au QG  pour la conférence de presse.
Les noms des investis par le mouvement est attendu avec impatience depuis plusieurs semaines, car dès le 24 avril la liste de ceux-ci devait être disponible dans les 48 heures. Attente justifiée par le fait qu’il s’agissait de l’une des formules les plus originales de cette présidentielle, puisqu’il était possible à tout citoyen de s’inscrire sur le site de ce qui était alors »En Marche », afin de proposer sa candidature.
La question était donc de découvrir si l’un des engagements de campagne était d’ores et déjà tenu.
Lundi en conférence de presse Richard Ferrand avait d’ailleurs confirmé que 50% des investis n’auraient jamais eu de mandat électif. En outre la totalité des investitures devait être rendue publique ce jeudi « à une dizaine de cas près ». Or dès ce matin des informations en provenance de l’Afp indiquaient que les investitures dévoilées seraient en fin de compte au nombre de 400.

Dans l’attente donc de l’arrivée de Richard Ferrand, les communications en off de l’entourage du secrétaire du mouvement allaient bon train. Etaient en substance évoqués 30 à 90 députés attribués au Modem dont 35 en position de gagner. Plus 30 à 60 socialistes qui se seraient investis sous la bannière de « La République en Marche ». Une quinzaine candidats LR. Et pas de candidat « En Marche » face à Manuel Valls qui figure en quelque sorte l’exception qui confirme la règle selon laquelle « La République en Marche » présenterait un candidat dans chaque circonscription.

A 15h50 début de conférence, initialement prévu à 14h30, et annonce que seuls 428 noms seraient dévoilés. Puis une pluie de chiffres, 19 000 dossiers déposés, seulement 29% de dossiers féminins, et une moyenne de 34 candidatures pas circonscription. Puis  Richard Ferrand détaille le processus de sélection: tout d’abord  » une présélection sur la base de critères objectifs », puis une analyse des dossiers pendant plus de 250 heures (ce qui fait en moyenne donc un peu plus d’une minute par dossier). Plus de 1700 entretiens téléphoniques réalisés afin d’évaluer les capacités des candidats « a faire passer » un message. Et l’assurance que les cinq points définis par Emmanuel Macron sont bien respectés, c’est-à-dire le renouvellement, la parité réelle, la probité, le pluralisme politique et la cohérence.

D’ores et déjà 52% des candidats présentés seraient issus de la société civile et n’exercent donc pas à ce jour de responsabilité politique au travers de mandat électif. 214 sont des femmes. Il serait aussi appliqué une cohérence de manière à ce qu’elles puissent être candidates dans des circonscriptions dites favorables, c’est-à-dire celles où Emanuel Macron a disposé d’une majorité lors des deux tours de la présidentielle.

Sur la pluralité politique , respect du spectre politique Français. La promesse de renouvellement serait donc tenue, 80% sont en activité professionnelle,  un âge moyen de 46 ans contre 60 ans pour les députés sortants. Richard Ferrand insiste sur le fait que « Notre mouvement marche sur deux jambes: le renouvellement et le rassemblement ».

Puis l’ affirmation que « Jamais jamais vous ne pourrez vous plongez dans les annales, jamais un mouvement politique Français, doté de treize mois d’existence, ne porte l’audace que nous portons devant vous d’investir pour devenir députés de la nation 52% de citoyens qui n’ont pas un cv de professionnel de la politique, soit une antériorité politique qui soit l’aboutissement d’un parcours militant ». D’une certaine manière cette affirmation est exacte dans le cadre de la Cinquième République, mais doit-être fortement nuancée face à la longue histoire de la  politique française.

« Le réveil citoyen » connaît toutefois ses limites car 148 circonscriptions n’ont toujours pas été attribuées officiellement. Et l’on raisonnablement analyser que les bénéficiaires de certaines investitures ne seront connus en fin de compte que  mercredi ou peut-être même jeudi matin de la semaine prochaine, puisque dès mercredi soir plus aucun dépôt de candidature ne pourra être fait.  Une situation qui pourrait confirmer l’information donnée hier en conférence de presse par Jean-Christophe Cambadélis à la suite de la tenue du bureau national. Certains députés PS souhaitant être investis par « la République en Marche » seraient encouragés à déposer au dernier moment leur dossier en préfecture, afin de ne pas avoir de candidats Ps dans leur circonscription.

Mais tout cela ne s’est pas déroulé sans certains « couacs » puisque près de quatre investis affirment ne pas avoir demandé l’investiture  » En Marche », et que surtout François Bayrou semble considérer que le nombre des investis pour son parti, le Modem, ne correspondrait pas à ce qui avait été initialement convenu avec Emmanuel Macron. Il n’en demeure pas moins que le changement de méthode de l’implantation locale sera peut-être de nature à créer des surprises. Seront-elles bonnes pour la « République En Marche » qui vise la majorité absolue pour ce groupe parlementaire ? Réponse le 18 juin.

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