Et bien je vous rassure le film Melancholia de Lars von Trier est tout sauf mélancolique.
Ce soap fourre-tout hésite entre la fin de la terre -et donc du monde- et les caprices d’une soeur dont le mariage organisé en grande pompe tourne au plus pur fiasco, grâce à sa constante volonté d’y porter atteinte au plus haut point. Tout est fait par Justine (Kirsten Dunst) pour manifester son profond mépris de l’institution du mariage. Charlotte Rampling (la mère des deux sœurs) s’exprime d’ailleurs à ce sujet durant son speech pendant la noce en faisant remarquer » Qu’est-ce qu’on s’emmerde ici ». Eh bien en tout cas ce n’est pas le cas du spectateur, car celui-ci compte les incohérences du scénario, s’en amuse, et parfois peut même en rire compte-tenu de la fatuité des personnages et de leurs dialogues. La jeune mariée en effet accumule toutes les fantaisies: retard à la noce, disparition soudaine pour aller prendre un bain, affichage d’un ennui total durant le repas du mariage, désintérêt absolu pour son mari. Elle pousse la démonstration jusqu’à abandonner son mari aux prémisses de la nuit de noce, pour rejoindre un stagiaire dans le parc du château, au vu et au su de tous, et y accomplir le « devoir conjugal ». Fin de la première partie. La seconde est une source tout aussi inépuisable de clichés: une planète occupe tout l’horizon et menaçe le monde. Mais c’est plutôt la vacuité des propos et actions face au désastre imminent, qui nous menace. S’enchainent donc le suicide du mari, la confirmation des talents « hyper divinatoires » de la soeur Justine parce qu’elle a deviné qu’il y avait 640 fèves dans un bocal (impressionnant et convaincant tout à la fois!), fuite hilarante avant l’impact de la planète en voiturette électrique de golf, tente improvisée dans le parc en attente de la disparition de la terre, et bien d’autres galéjades.Et pourtant le film avait commencé par des prises statiques dans le style esthétique des photos de mode des années 80, on s’attendait donc à une structure narrative en ce sens, mais il s’agit plutôt d’un film dépourvu de sens, et de conscience. Mais Melancholia, c’est aussi un poème de Victor Hugo, et à la différence de celui-ci, je ne dirai pas « Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? », mais « Où vont tous ces spectateurs dont pas un seul ne rit ? »
Forks magazine © Forks 2011