Nicolas Sarkozy au Zénith a tenu son plus grand meeting, avant le premier tour des primaires de la droite, devant une salle remplie de 6000 partisans venus l’acclamer. Il souhaitait prouver à tout son camp qu’il est le meilleur candidat, les convaincre qu’il bénéfice du plus de soutien, et convaincre les français qu’il est l’homme de l’avenir de la France.
Ce fut un discours, et c’est d’ailleurs une campagne classiquement « Sarkozienne »: des orientations de principe, des déclarations sur l’immédiateté, des propositions, des mesures-choc, et une ligne directrice pour l’ancien président de la République, : il est le candidat du peuple français.
De plus en proposant, il y a deux jours, le principe des deux référendums l’un sur la suspension du regroupement familial, l’autre sur l’internement préventif des fichés S, si il était réélu. Il a sucité de nombreux commentaires, les uns sur la possible anti-constitutionnalité de ces mesures, les autres sur l’opportunité de traiter ces deux points prioritairement. Il ne peut pas non plus écarter les critiques sur sa conscience des priorités et son analyse de la totalité des enjeux économiques et sociaux.
Si la campagne de Nicolas Sarkozy s’appuie sur l’utilisation de mots-clés et de concepts-choc indéniablement très percutants, il n’en demeure pas moins qu’il ne réussit pas à revenir dans les sondages sur Alain Juppé. Les thèmes développés sur son site de campagne des primaires « Tout pour la France », comme la non-taxation des successions pour les classes moyennes, les déclarations de principes « Allez dire que la France doit rester une grande nation », ou « Nous allons gagner parce que nous sommes portés par une force immense, celle du peuple de France ». Sans omettre le besoin de Nicolas Sarkozy de s’opposer « aux élites », les déclarations » j’ai besoin de vous, car ensemble nous leur démontrerons que la France n’est pas finie », ou « je veux être le candidat des travailleurs » ne font guère évoluer les intentions de vote.
Le renouveau promis et promu ne s’affiche pas réellement dans l’équipe présentée autour de Nicolas Sarkozy. Peu de têtes nouvelles. Le sens du message suffira-t-il à convaincre les Français , d’autant que les votants à la primaire sont des plus aléatoires, car il ne s’agit pas d’un corps électoral clairement défini. En déclarant « La France se rassemblera sur un projet clair, celui d’une alternance forte », avec des mesures plutôt radicales, Nicolas Sarkozy ne peut convaincre tout le corps électoral.
A ce titre, son discours recèle de nombreux paradoxes. « Je ne veux plus que les fonctionnaires se sentent catalogués comme des privilégiés, quand tant d’entre eux sont victimes de la paupérisation du secteur public ». Mais plus loin « Je veux que le public converge vers le privé ». Ou encore « Les règles de calcul des retraites dans le public seront les mêmes que dans le secteur privé ». Sans oublier « Le temps de travail des fonctionnaires sera porté à 37 heures payées 37 ». Tout cela n’est peut-être pas de nature à remporter l’adhésion des « éventuels futurs bénéficiaires » de ces mesures.
Sur le sujet de la TVA, conscient de la portée électorale non négligeable de ce point, Nicolas Sarkozy contre les autres candidats et déclare « Je refuse la hausse de la TVA, parce que la droite ne va pas faire la même politique que François Hollande, qui l’a augmentée en 2014. ».Une façon opportune de faire savoir qu’il porte une attention immédiate aux préoccupations des français, tout en marquant son opposition à François Fillon qui, lui, est engagé à augmenter la TVA de 2 points en la portant à 23% , et à celle d’Alain Juppé qui projette de la porter à 22%.
Sur le plan économique peu d’originalité. Nicolas Sarkozy affirme « nous mettrons en place un plan de baisse des dépenses publiques de 100 milliards d’euros, qui financera la diminution de l’impôt sur le revenu de 10% » . Ce mixte des objectifs de baisse des dépenses publiques est similaire à celui présenté par François Fillon, mais affiche des objectifs plus importants que ceux proposés par Alain Juppé.
Bien que le quinquennat modifie la perception des français sur les politiques, les engagements de campagne et les résultats, les français oublient moins, et il est difficile en ce cas pour l’ancien président de la République de faire durablement table rase du passé. Dans son discours du Zenith, Nicolas Sarkozy a opté pour les mêmes références que par le passé, le triptyque Constat de l’état de la France, Mesures, Actions prioritaires. Lui suffira-t-il de se réclamer de De Gaulle contre «l’école du renoncement national », contre «cette étrange passion de l’abaissement». lui suffira-t’il d’affirmer sa volonté inébranlable de combattre le communautarisme, -« à l’exact opposé de notre modèle »- pour convaincre les français, et d’abord gagner la primaire ?
Jean Cousin