Le musée de la poste et son commissaire, Céline Neveux, ont choisi de présenter des artistes fort éloignés à l’origine de la galaxie des musées. Ces artistes ont en effet choisi pour s’exprimer d’annexer la rue, les espaces publics sous toutes leurs formes. Leurs supports se déclinent à l’infini: tunnels défraichis, wagons des trains de banlieue, palissades de chantiers, abattoirs et usines désaffectées, arcades de ponts historiques ou pas, panneaux publicitaires, portails abandonnés, cabines téléphoniques, rideaux de magasins, cages d’escaliers, cheminées inaccessibles, guimbardes rouillées. Depuis les années 60, aux Etats-unis comme en Europe graffiti, stencil art, ruban art, art urbain contemporain, Street art ont envahi notre environnement urbain.
L’exposition présente 16 artistes de la planète Street: L’Atlas, Ludo, Bansky, Shepard Fairey, alias Obey, Rero, Dran, Invader, Swoon, Vhils, C 215, Miss Tic, Jef Aérosol, Jérôme Mesnager, Ernest Pignon_Ernest, Gérard Zlotykamiende . Tous les artistes du Street art ne sont pas là, mais ces 16 artistes donnent un aperçu de la diversité des oeuvres possibles. En sus de la désormais célèbre peinture aérosol, ce sont pochoirs, mosaïques, scotch, fusain, tampon, papiers découpés, résine présentés, autant de matériaux utilisés pour délivrer un message critique sur la société.
Invader lui travaille sur la pixellisation et joue à l’échelle planétaire un jeu video avec ses space invaders qui envahissent le monde de leurs carreaux de mosaïques tantôt en noir et blanc tantôt de couleurs vives. .Blansky manie le pochoir pour déposer ses silhouettes décalées qui interpellent sur la justice, les pouvoirs et la liberté. Le message politique affleure très souvent, et peut avec Obey acquérir une redoutable efficacité comme lorsqu’il dressa le portrait de Barack Obama, intitulé « Hope ». Swoon tapisse des lieux de destruction de la fine dentelle de ses papiers découpés . Miss Tic essaime ses aphorismes et ses réflexions sur l’art sans oublier sa condition de femme artiste avec ses personnages sortis de magazines qui renforcent le message.
De fait le Street Art dépasse la notion simple de tag ou de graff et travaille son message dans un jeu de communication avec le spectateur.. Mais quelque soit l’artiste, leur oeuvre entre en convergence avec la rue qui donne à l’oeuvre une force, que cette force éclate par le biais du message, du trait, de la couleur ou du support détourné.
En ce sens le street art dédramatise la création artistique. Devenue une expression interactive avec l’espace urbain, elle ne s’y limite pas et introduit une dimension poétique multiple. Cette exposition en révèle les singularités autant que les détournements auxquels s’est trouvé confronté cet art de l’éphémère. S’il était difficile de transmettre dans un musée toute la jubilation qui entoure les performances de ces artistes, présenter ces artistes et leur laisser la parole via des courts-métrages rétablit l’authenticité de leur démarche.
Marie Combes
Copyright Forks 2013
Commissaire de l’exposition: Céline Neveux,
Scénographie Jean-Claude Salliou
L’Adresse: Musée de La Poste, 34, boulevard de Vaugirard – Paris 15ème ,
jusqu’au 30 mars 2013.