En ce soir du 19 avril, Place de République, Najat Vallaud-Belkacem, Yannick Jadot et Martine Aubry semblaient plus crispés par les résultats des sondages que par le froid. Mais le candidat du PS, imperturbable face à toutes les difficultés qu’il trouve sur son chemin, continue de haranguer la foule comme si la victoire était au bout de la route.
Celle-ci répond par des cris » Benoît Hamon président ». La vérité est que l’homme est décidé à faire savoir qu’il est prêt à se battre jusqu’à son dernier souffle. Il nous le prouve, ne vacille sur aucune phrase, la voix ne faiblit pas, la détermination est sans concession.
Benoît Hamon rappelle que la Place de la République est symbolique. « En 1958, c’est de cette place que le Général de Gaulle appela les Français à adopter la Constitution de la Vème République ».
Et à défaut de victoire militaire, le candidat égrene les combats pour lesquels il n’a rien cédé: « J’ai tenu bon pour l’Europe, pour une grande Europe fédérale écologique, démocratique et sociale, grâce à une assemblée de la zone euro. J’ai tenu bon pour traquer la fraude fiscale. J’ai tenu bon sur le 49.3 citoyen. J’ai tenu bon contre le cumul des mandats. J’ai tenu bon face aux lobbys qui menacent notre santé démocratique et notre santé tout court !
Il apparaît que ce meeting, le dernier de la campagne du premier tour, est bien celui des mises au point. Et celles-ci sont sans appel. Benoît Hamon en effet prévient que le futur ne se fera pas sans lui, en déclarant: « Je vous fais un serment (…) Je me battrai dimanche, et je me battrai après. Je me battrai avec vous et je me battrai toujours ».
Car la bataille au sein du PS s’annonce. Et il est certain qu’après les législatives le sort de ceux qui ont trahi la parole politique donnée, tant auprès de leur parti que des Français, pourrait être à la hauteur de leurs reniements.
Après le discours, dans la tente dressée derrière la scène, les plus proches supporters de Benoît Hamon se tenaient, mais hormis Thomas Piketty les ténors du parti n’étaient plus là. Il est certain que la politique a besoin de victoires comme moteur, mais les convictions ne devraient pas être le seul moteur de la vie politique. Ce fut en tout cas le sens du message de Benoît Hamon.
Car, si d’une certaine manière Benoît Hamon et les primaires de la Belle Aalliance ont pu mettre en avant une partie des contradictions et des reniements au sein du PS, ne s’agit-il pas d’ores et déjà de la plus belle des victoires, pour un « ex-frondeur »?
Jean Cousin