Il est nécessaire d’adopter une politique pour la science plus ambitieuse Patrice Debré, professeur d’immunologie à l’Université Pierre et Marie Curie a tenu une conférence sur le thème de l’homme microbiotique. Son exposé a dressé un état de l’art de la recherche en ce domaine. Guidant ses auditeurs au travers d’une démonstration riche en éléments tant lexicaux qu’historiques ou épidémiologiques il a dressé un panorama vivant de l’une des recherches les plus futuristes du monde scientifique..
Il a été constaté lors de ces recherches que 25% des décès sont causés par les microbes, soient 14 millions de victimes par an, dont les 2/3 sont âgées de moins de 5 ans. C’est la première cause de mortalité dans les pays à ressources limitées. De 1940 à 2004, 335 nouvelles maladies infectieuses sont survenues. Ses chiffres nous confrontent à une autre vision de l’homme. La confrontation est encore plus spectaculaire lorsqu’est abordé l’univers des bactéries. Le professeur Patrice Debré explique que « Dans chaque homme ce sont 100000 milliards de bactéries, réparties en 500 espèces » et apporte ces précisions: » Il y a 10 fois plus de bactéries que de cellules humaines, et 99% des gènes sont des microbes », et » à lui seul l’intestin contient de 1 à 2 kg de bactéries sur 400 M2. »
Au cours d’une démonstration toujours ponctuée d’exemples précisément référencés, et non sans humour, le Professeur Patrice Debré développe les perspectives de l’étude du microbiote comme celle d’ un organe, soulevant les enjeux mis en évidence par la biodiversité et l’écologie microbienne, des enjeux placés sous le signe de missions impossibles que le dynamisme de la recherche pose en défis de demain. C’est une ouverture vers une nouvelle mise en perspective de l’homme et de maladies : l’obésité, le cancer, les allergies et même les pathologies du cerveau.
En exposant les résultats d’une recherche ouverte à tous les possibles de l’infiniment petit, Patrice Debré propose une nouvelle vision de l’univers, de l’homme et des pathologies, une vision toutefois placée sous le signe de la prudence et de l’éthique puisqu’il rappelle que dans ce type de recherche « le principe doit rester de connaître avant de modifier ». Un principe de taille puisque l’analyse du microbiote se situe dorénavant à l’échelle des big data. Mais pour cela, il est nécessaire que les budgets et suventions soient augmentés tant au niveau national qu’européen et la est l’enjeu des prochaines années.
Dominique Grimardia