Après l’une des plus longues campagnes pour les présidentielles de la Vème république, nous nous retrouvons à 8 jours du scrutin dans la plus extrême confusion.
Confusion sur les programmes malgré les primaires, les meetings, les débats télévisés. A cet instant les français à cet instant n’ont pas pu prendre connaissance des réels choix que leurs votes vont entraîner.
Les primaires ont fait émerger deux candidats que tous considéraient au mieux comme improbables.
Pour la primaire de la droite Alain Juppé était plébiscité par tous les instituts de sondage comme le grand vainqueur de celle-ci et le futur Président. Son équipe avait fait un important travail pour que sa candidature se fasse sur des critères de transparence, d’équilibre, et ce en toute sincérité. François Fillon, déconsidéré, n’avait alors qu’un rôle anecdotique au point que lors de certains points presse organisés par ses porte-paroles, Jérome Chartier et Valérie Boyer, il n’y avait qu’un quatuor de journalistes présent. Portes-paroles n’hésitant pas à déclarer à la Croix le 11 octobre être « fiers » que leur candidat ne soit « pas dans le match judiciaire ».
La primaire de gauche fut longtemps considérée par l’appareil politique du PS comme la chasse gardée du Président François Hollande. Celui-là fut à ce point surpris et désemparé par la décision du chef de l’état que la grande manifestation du 3 décembre à la Villette fut marquée par un certain flottement. Seul Jean-Christophe Cambadélis fut réactif lors de son discours de clôture. Mais ce qui fut frappant ce fut lorsque Marisol Touraine et plus particulièrement Najat Vallaud- Belkacem qui récitèrent un discours totalement décalé, en faveur du candidat François Hollande à la primaire.
Le résultat de ces semaines de débats et de quatre tours de scrutin fut que les vainqueurs à la surprise générale furent François Fillon et Benoît Hamon.
Pendant ce temps Jean-Luc Mélenchon faisait part de sa volonté de se soustraire à toute autre volonté que la sienne, et préparait ses interventions sur les réseaux sociaux. Le FN, relativement silencieux, se préparait à ne lancer la campagne que fin février. Emmanuel Macron analysait les nécessaires transformations de la société française lors de ses meetings, et distillait quelques évocations de mesures à venir.
Mais voilà, de réel débat, il n’y en a point eu. Qu’il s’agisse des retraites avec des mesures variant d’un rétablissement de la retraite à 60 ans pour certains candidats, ou à l’autre extrême d’un départ à 65 ans, ou qu’il s’agisse encore du temps de travail oscillant entre 32 heures et 39 heures selon les candidats.
Or, pour ne prendre en exemple que ces deux mesures, elles entrainent des conséquences sociales et économiques profondes.
De même, un programmes extrêmement fouillé comme celui présenté par Benoît Hamon n’entraine ni débat, ni d’ailleurs de quelconque analyse. Pourtant, semaine après semaine, l’ensemble des problématiques des Français trouvent réponse dans son programme, accompagné de mesures précises et financières à l’appui.
Tout cela n’aurait-il aucun effet électoral? Comme si le quotidien n’intéressait plus les électeurs, et que les seules évocations de quitter l’Europe, stopper l’immigration, supprimer des postes de fonctionnaires ou faire payer les classes aisées était de nature à diriger leur vote.
Il est certain que les évocations à répétition des affaires entourant François Fillon ne sont pas de nature à favoriser le souci de s’attacher à l’analyse des programmes des candidats. Et aujourd’hui encore, hormis quelques timides analyses, aucune information n’est réellement donnée.
Tout le système d’information apparaît en effet tétanisé par « l’analyse de tendances » présentée par les instituts de sondages, qui, après de savantes et onéreuses analyses, établit que quatre candidats sont au coude à coude. Impressionnant? Sûrement pas! Mais pour certains médias la prudence prend le dessus sur les certitudes issues des analyses politiques des mois qui viennent de s’écouler. Leurs avis sont pour le moins aujourd’hui le reflet de la confusion qui règne à tous les niveaux sur le nom des présents au second tour.
Il ne reste plus que les affirmations des candidats, évoquant leur présence au deuxième tour comme une certitude. Et pour les électeurs indécis il reste des choix à faire, des choix qui ne vont se faire que les deniers jours de campagne, et qui peuvent à nouveau être la source de surprises de taille.