Pour les fans de série, le cinquième homme ou The Fifth man est le titre du troisième épisode de la quatrième saison de série américaine NCIS, Los Angeles.Nous y voyons les protagonistes confrontés au piratage et aux engagements tronqués. Pourrait-on y voir un parallèle avec Benoît Hamon qui, selon les sondages, serait le cinquième homme du premier tour de cette élection présidentielle hors normes. Les instituts de sondages viennent en effet en quelques jours de constater la disparition de Benoît Hamon qui occupait jusqu’alors la quatrième place. Et ce sans que l’on puisse considérer qu’ aient été commises lors de sa campagne des erreurs stratégiques fondamentales.
Et dans le même temps, alors que le programme de Jean-Luc Mélenchon n’a pas réellement évolué depuis plusieurs semaines, ni qu’ aucune annonce significative n’a été faite, comment expliquer logiquement l’engouement pour ce même candidat. Ses rapports avec les médias sont en effet difficiles. Jean-Luc Mélenchon s’emporte régulièrement contre la presse, il refuse par exemple les invitations du site Médiapart, et s’est opposé au débat avec les onze candidats, qui devait avoir lieu sur Antenne 2 en fin de semaine.
Doit-on chercher des explications, recourir à d’autres paramètres? L’analyse réalisée par Algo Transparency (http://algotransparency.org ) fait apparaître des différences dans le traitement effectué par YouTube, absolument significatives. Dans leur dossier de presse du 13 avril il est affirmé que » Les résultats sont surprenants : sont-ils déterminés par la popularité, les mentions “j’aime”, le nombre de vues, l’additivité ou encore le nombre de vidéos existantes ? YouTube n’est pas transparent sur les déterminants de ces suggestions. Les utilisateurs ne sont pas en mesure de voir ces tendances ni d’expliquer ces résultats. Par exemple, YouTube n’indique pas le nombre de fois où une vidéo a été suggérée par son algorithme ».
Il est certain que Jean-Luc Mélenchon a su créer une dynamique fondée sur la surexploitation d’un certain nombre des règles de Google, et des réseaux sociaux. En effet le contenu et la qualité du contenu des sites web, YouTube, Facebook, étant par nature absents de l’analyse faite par les règles régissant les algorithmes, seule subsiste en fin de compte l’analyse des interactions des sites qui ont un fort taux de suivi et un impact sur les recherches.
Pourtant les attentats de 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice ont été particulièrement significatifs à ce titre. Pour les attaques survenues à Paris, aucune information, pendant plusieurs heures, n’est apparue sur les recherches Google. Pendant ces mêmes plusieurs heures seules apparurent des informations provenant de médias de la sphère sportive. Il est donc raisonnable de considérer que les paramètres des algorithmes de Google et YouTube avaient pré-pointé l’actualité sur les supports et médias de foot.
Quant aux recherches faites sur YouTube, le soir du 14 juillet, ce fut encore plus sidérant. Il fallut attendre le lendemain midi pour que les contenus ayant trait à ces événements puissent apparaître en bonne position dans YouTube, ce qui tend à confirmer que les algorithmes n’ont vraisemblablement qu’une indépendance de façade.
D’un côté la réponse est très simple. Google, YouTube est des entreprises commerciales recherchant le profit maximum, c’est à dire le placement et la vente de mots clés, les Adwords de Google, qui leur permettent de monétiser le fabuleux potentiel que leur donne leur position totalement monopolistique, évaluée à prés de 95% du marché européen.
D’un autre côté apparaît une explication beaucoup plus complexe. Google a effectivement participé à des travaux de recherches universitaires sur les notions d’influences, avec des cofinancements d’administrations américaines, plus ou moins proches du domaine du renseignement.
Il est certes difficile de pouvoir apprécier, en toute équité, les interférences entre l’ensemble des acteurs, actionnaires de la sphère Alphabet, et la politique française, compte tenu de l’opacité du système Google.
De fait Benoît Hamon n’apparaît pas en tête des recherches. Doit-on y voir le fait que son programme prévoit d’une part des mesures fortes contre ces entreprises, en particulier sur l’imposition de leurs bénéfices, ou le fait que Benoît Hamon envisage une redistribution des règles sur les médias, car son équipe considère que celles-ci doivent avoir des actionnaires moins proches des grandes sociétés.
En outre la question qui demeure est de savoir pourquoi les candidats Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, François Asselineau qui proposent la sortie de la France de l’Europe bénéficient selon toute apparence d’une surexposition et d’un effet démultiplicateur, alors que par ailleurs, les autres candidats qui prônent le maintien dans l’Europe des 27, qui envisagent des renégociations ou des modifications des traités européens, comme Benoît Hamon ou François Fillon, ou un quasi-statu quo comme Emmanuel Macron n’ont pas un référencement sur You Tube et Google en phase avec les intentions et les interactivités qu’ils génèrent.
Jean Cousin