Olivier Faure est arrivé en tête au premier tour du scrutin organisé par le PS pour la désignation de son premier secrétaire.
Sur les 102 000 militants, quelques 40 000 ont exprimé un vote en faveur d’Olivier Faure qui recueille près de 45% des suffrages exprimés. Il est loin devant Stéphane Le Foll, Emmanuel Maurel et Luc Carvounas. Pour Rachid Temal, le coordinateur du parti, il s’agit d’une incontestable réussite. Il a tenu « à remercier tous les militants pour leur présence et leur vote», et a souligné: « Nous avons démontré que le parti a un avenir, que les candidats sont capables de débattre ensemble».
François Hollande était venu voter à Solférino, peu après 17 heures, mais n’a pas souhaité faire part officiellement de son vote. Compte tenu de son déplacement il a d’une part donné ainsi plus de poids à ce vote, et fait d’autre part savoir qu’il était toujours attentif aux destinées du PS dont il fut le premier secrétaire pendant plus de dix ans
En somme, malgré une prestation réussie lors du débat télévisé, Emmanuel Maurel, tenant de l’aile gauche du parti, et le texte n°4, «L’Union et l’Espoir», n’a pas réussi à convaincre le dernier carré des militants du PS. Faut-il y voir l’influence des grands élus, anciens ministres de François Hollande, qui ont soutenu les textes présentés par Olivier Faure et Stéphane Le Foll.
De même, en délaissant le texte d’orientation n° 2, celui de l’ ancien ministre Stephane Le Foll, intitulé «Cher(e)s camarades», les suffrages se sont reportés sur le programme d’Olivier Faure et «Le chemin de la renaissance». Le vote d’aujourd’hui n’est donc pas pour le PS celui d’un changement de ligne, mais celui d’une légère réorientation. D’une certaine manière, il pourrait être envisageable de considérer le résultat du vote comme l’expression du message « Il est urgent de ne rien changer».
Et pourtant face à l’hémorragie de ses élus depuis un peu plus d’un an, le PS semble avoir quelques difficultés à trouver un second souffle. Entre le personnel politique qui a rejoint le parti présidentiel REM, et ceux qui ont suivi Benoit Hamon, le parti n’a effectivement pas donné de réponse claire à ce jour. Le récent départ du PS de l’actuel ministre des Affaires Etrangères du gouvernement d’Édouard Philippe en est l’illustration, car la détermination face à ces positions d’anciens caciques n’est pas clairement perceptible à l’extérieur du PS, ni même dans une large mesure à l’intérieur du parti.
Olivier Faure présente un long parcours politique, un caractère assuré. Il s’appuie sur un parti structuré, et une marge de manoeuvre financière suffisante pour faire face aux prochaines consultations électorales: les Européennes en 2019, et les élections municipales de 2020. Pourra-t-il se renouveler pour refaire du PS le parti de l’alternance? Le fait est que, depuis le séisme enclenché par l’entrée en politique d’Emmanuel Macron, les partis traditionnels sont à la peine.
Fidèle à une certaine complexité dans la mise en oeuvre de ses décisions, le Parti Socialiste suit son processus de désignation du premier secrétaire, qui ne permet de savoir avec certitude le nom du futur premier secrétaire qu’a l’issue du congrès d’Aubervilliers les 7 et 8 avril.
Or, signe peut-être avant-coureur d’un renouveau, cette fois-ci, c’est après une courte nuit que le suspens de l’élection définitive a été levé. Stéphane Le Foll, arrivé en seconde position (avec 25,9% des suffrages), a déclaré en milieu de matinée: «le résultat est sans appel, il est net», et qu’il se désistait face à Olivier Faure. L’ensemble du dispositif de direction du PS, mis en place l’été dernier par son ancien premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadelis, à son départ, semble donc avoir vécu.
La question est dès lors de pouvoir « juger sur pièce» du renouveau structurel que souhaite organiser Olivier Faure et ses équipes. Toutefois «l’aile gauche du parti», représentée par Emmanuel Maurel, en n’obtenant que 18,2% des suffrages, pourrait être tentée d’ouvrir de nouveaux horizons, à l’extérieur du parti cette fois.