Quand le glyphosate devient un cas d’école

by Rédaction

Le glyphosate, c’est une substance synthétisée dans les années 1970 par Monsanto. son action: empêcher les plantes naturelles de fabriquer certains acides aminés et protéines dont elles ont besoin. Il entre dans la composition du désherbant le plus vendu au monde, le Roundup.

Tombé dans le domaine public en 2000, le glyphosate est aujourd’hui commercialisé par de nombreuses sociétés et utilisé non seulement pour la culture des céréales mais aussi pour les fruits, les vignes, et les olives. Il est utilisé non seulement dans l’agriculture non bio, mais aussi commercialisé pour un usage domestique.

En mars 2015 le glyphosate a été classé par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme » cancérigène probable chez l’homme ». Et pourtant en novembre 2015 l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa: European Food Safety Authority) jugeait ce risque cancérigène « improbable », et considérait par ailleurs que la substance  » n’était pas susceptible d’endommager l’ADN ».

Aussitôt 96 scientifiques remirent en cause la fiabilité des conclusions de l’Efsa dans une lettre ouverte au commissaire européen chargé de la Santé et de la Protection des consommateurs.

Autorisé dans l’Union européenne, le glyphosate fit l’objet d’une bataille autour du renouvellement de son autorisation en 2016. Une évaluation de la dangerosité du produit fut confiée à l’Agence européenne des produits chimiques (Echa). Fin juin 2016 tomba la prolongation temporaire pour 18 mois de l’autorisation de vente du glyphosate, avec des restrictions d’utilisation . En mars 2017 l’Echa fit connaître son avis: le glyphosate n’était pas cancérigène, en totale contradiction avec l’OMS, nombre d’ONG européennes et de scientifiques.

La France s’est prononcée pour l’interdiction du glyphosate. En juillet 2016 Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, a obtenu le retrait de 132 produits contenant du glyphosate et de la tallowamine, un adjuvant considéré comme dangereux par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

A partir du 1 er janvier 2019 la loi sur la transition énergétique interdit l’utilisation du glyphosate par les jardiniers amateurs ( 2000 tonnes par an). Mais quid des agriculteurs les plus gros consommateurs ( 8500 tonnes)? Un sondage IPSOS fait valoir que le retrait du marché du produit aurait un coût de plus de 2 milliards d’euros du fait de la  » baisse des rendements, donc , du retrait des exportations », sans compter , en cas d’interdiction, une  » nécessaire réorganisation du travail, de la rentabilité, et des pratiques culturales.

Pour l’heure le glyphosate est déjà interdit d’utilisation dans les espaces ouverts au public depuis le 1 er janvier 2017, et pendant la période précédant la moisson. Matignon a aussi promis une interdiction du glyphosate d’ici la fin du quinquennat.

Dominique Grimardia

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