Le 2 mars 2021 a été publiée l’Étude des facteurs socio-démographiques, comportements et pratiques associés à l’infection par le SARS-CoV-2, appelée Étude ComCor. Elle résulte d’un partenariat entre l’Institut Pasteur, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, l’institut Ipsos
et Santé Publique France. Son objectif, faire une étude descriptive sur les circonstances de contamination et une étude cas-témoins sur les facteurs associés à la contamination. Pourtant, à la lecture de ce rapport, deux faits paraissent surprenants .
Premier fait surprenant
Il est constaté d’une part qu’ « un enfant scolarisé représente un sur-risque d’infection pour les adultes, ceux qui vont au collège (+27%) et au lycée (+29%). Avec une exception toutefois : avoir un enfant scolarisé en primaire ». De là est dégagée une série de recommandations qui auront un impact sur les décisions du gouvernement. Le 22 mars, le Syndicat des instituteurs, SNUipp FSU annonçait « Avec le nombre de cas recensés chez les élèves, le plus élevé depuis septembre, malgré des chiffres reposant sur le déclaratif des familles, il est désormais impossible pour le Ministère de nier le rôle de l’école dans la propagation de l’épidémie ». À la question posée au service de presse du ministre de l’Éducation nationale sur les conclusions du rapport Pasteur, la réponse est : « C’est pourquoi nous appliquons un protocole sanitaire dans les écoles. À chaque cas positif à la Covid déclaré dans une école, l’ARS travaille avec les personnels pour retracer les cas contacts, isoler le plus vite possible, et fermer les classes, ou les établissements à partir de 3 cas positifs, élèves ou personnels (à partir de 1 cas pour les variants brésilien et sud-africain). Des mesures locales peuvent être prises dans les zones les plus à risque ».
C’est un autre son de cloche côté syndicat des instituteurs, le SNUipp FSU: « Les protocoles qui avaient été mis en place ne peuvent pas être respectés dans les faits » explique Madame David co-secrétaire et porte-parole de SNUipp FSU. «Le personnel absent ne peut généralement pas être remplacé, nous sommes obligés de répartir les élèves d’une classe dans plusieurs autres classes. On ne peut donc pas éviter le brassage. De plus l’aération dans les classes n’est pas toujours possible. Soit on ne peut pas ouvrir les fenêtres, car les bâtiments sont trop vieux. Soit ce sont des fenêtres à grande ouverture, donc dangereuses pour les enfants. ». Madame David renchérit : « Nous avons demandé au Ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, des capteurs de CO2 et purificateurs d’air, pour pallier cela. Nos demandes sont restées sans réponse ». Selon les points sanitaires du SNUipp FSU « On note une hausse nationale du nombre de cas positifs des élèves, 15484 cas contre 9221 le 12 mars, soit 67,9% ». Il apparaît une incohérence entre les chiffres de Santé Publique et ceux de l’Éducation nationale. Le ministère de l’Éducation nationale comptabilise 3,7 fois moins de cas positifs-élèves que Santé Publique France.
Second fait surprenant
Autre fait surprenant les instituteurs font partie « des catégories professionnelles les moins à risque ». À ce stade les instituteurs représente une catégorie à risque encore moins importante que les retraités d’après le rapport ComCor. Madame David renchérit: « Pour le variant anglais, on attend 3 cas, mais le nombre de cas n’est pas toujours respecté. Dans certaines classes, il y avait plus de trois cas, mais elles ne fermaiten pas. Elles ferment souvent quand les parents râlent et alertent la presse locale ». Du côté des instituteurs les études comptabilisent le nombre de cas positifs, mais non les cas contacts. Selon les statistiques rapportées par le point sanitaire du SNUipp FSU, on note « une hausse nationale du nombre de cas positifs personnels, 1809 cas contre 1106 le 12 mars soit +63,6% ». Dans l’académie de Créteil, il y a 393 cas positifs chez les personnels, et dans l’académie de Rennes, où est recensée la forte hausse de contaminations, on atteint +284,6%.
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Lorsque nous avons voulu avoir plus de précision sur ces études, le service presse de Pasteur nous a répondu: « Malheureusement, les chercheurs qui ont travaillé sur cette étude sont actuellement très occupés, compte-tenu du contexte, et ne seront pas disponibles prochainement pour échanger avec vous.» Une réponse bien curieuse en considération des répercussions possibles, et au vu du contexte.
Albane Cousin