Loin du bruit et de la foule, c’est une Principauté de Monaco comme vous ne la voyez jamais que nous propose Jean-Philippe Cousin dans l’exposition qui lui est consacrée à la Galerie in)(between.
17 tirages argentiques sur papier baryté, sélectionnés parmi plus d’une centaine, présentent en avant-première le travail de ce photographe sur la Principauté de Monaco. C’est un travail en noir et blanc, mais les contrastes forts, des ombres denses traduisent la lumière minérale de la Principauté.
Peu de présence humaine sur ces prises de vue. Quelques silhouettes élégantes, un voiturier devant l’Hôtel de Paris, présences furtives, symboliques. L’homme se fait rare. Toutefois on le devine à la perfection des jardins, à la brillance des ponts des navires, aux alignements des limousines, aux reflets parfaits des carrosseries. Son absence fonctionne en contrepoint, car chaque objet ne peut exister sans sa main, chaque lieu rappelle son travail.
Ce choix de l’absence édifie de fait une ville mythique. L’oeil découvre la plage déserte du Larvotto, les transats délaissés du Beach, le foisonnement des arbustes qui bordent l’escalier rejoignant le Casino.Tous ces lieux, tous ces objets s’érigent en emblèmes de Monaco. Nature luxuriante, plage métallique, rivas en ligne. La principauté jaillit de ce travail sur des perspectives irréprochables, émerge de ces lignes de fuite, scintille dans les reflets infinis des tirages.
Ce travail qui a forcé au maximum la capacité de la pellicule transcrit pourtant l’âme de cette ville de mer, de soleil et de luxe. Chaque endroit, chaque objet, chaque lieu saisi dans l’objectif évoque la cité monégasque qui ne peut exister sans eux. Sur ces clichés se télescopent nostalgie et modernité, atmosphère tantôt iconique, tantôt futuriste. C’est la place du palais déserte aux façades aveuglées de soleil, la proue d’un voilier de légende, l’alignement des Rolls, spectacles traditionnels de Monaco. C’est l’occasion de revoir le yacht de Niarchos amarré au » quai des milliardaires », de découvrir le port de Fontvieille dominé en clair-obscur par une tour du palais, ce sont les toiles rayées des tentes du Beach, les capots démesurés, noirs ou blancs, qui s’achèvent dans les courbes du Spirit of Ectasy.
Dans ce jeu de la présence-absence c’est non seulement la traduction grandiose de l’esprit d’une ville, mais aussi un travail maîtrisé sous tous les angles, qui exprime à la fois avec classicisme et modernité les reflets de la principauté. Ce sont des photographies où le noir-et-blanc décline de nouvelles tonalités de gris et permet de découvrir un relief rarement vu dans les clichés monochromes. Et au détour d’un tirage la silhouette sombre du photographe apparaît comme la furtive signature d’un travail d’une magistrale élégance.
Marie Combes
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Spirit of Monaco, photographies de Jean-Philippe Cousin, In)(Between. Gallery, 6, rue Saint Anastase, 75003 Paris, du 10 au 28 juillet.