Pelouse de Reuilly, le temps est maussade, mais le pire a été évité. Pas de pluies diluviennes comme la veille. Poseidon a donc épargné Benoit Hamon qui, par contre, n’a pas épargné l’ensemble du corps politique, que cela fut pas métaphores mythologiques ou phrases assassines. Il entame son discours par l’évocation de Jupiter, puis passe rapidement à « ceux qui semblent avoir perdu leur étiquette », « des députés VRP au service d’intérêts privés ». Revenant sur Jupiter, l’ex-candidat à la présidentielle constate que « les médias ont glorifié ce terme », souligne la verticalité du pouvoir qui s’installe, et constate que le Président de la République « a réussi une nouvelle synthèse, et n’a pas eu besoin d’un Congrès pour le faire ». Il conclut sur le sujet en évoquant une réplique du film Le Guépard de Visconti: « Il faut que tout change pour que rien ne change ».
Pour l’état d’urgence il déclare qu’ « Emmanuel Macron fait plus fort que Manuel Valls », et que « l’état d’urgence n’existe plus, puisqu’il sera dans le droit commun ». Benoit Hamon analyse ainsi la situation politique: « Nous n’avons pas perdu, nous avons été remplacés par la République en Marche et France Insoumise » . Il en déduit que, de ce fait, le PS a vu son électorat fragmenté en trois. Il rappelle son engagement dans le parti socialiste depuis 1987, parti « que j’aime profondément… passionnément » . Et d’annoncer « Aujourd’hui j’ai décidé de quitter le PS » tout en ayant reconnu un peu plus tôt « nous partons plus léger, mais robuste ».
Benoit Hamon a ensuite fait part devant quelques journalistes de son état d’esprit. Ses intentions sont de ne pas s’opposer au PS mais, comme il l’avait d’ailleurs déjà indiqué dans son discours, il souhaite que différentes formes d’expression existent pour que, par la suite, tous puissent se retrouver. On ne peut s’empêcher de voir dans ce retrait du PS de Benoit Hamon, comme une ombre, celle de Charles de Gaulle, qui créa en 1946 son parti, le Rassemblement du Peuple Français, pour entamer ce que l’on appela « une traversée du désert », avant de revenir pour créer la V ème République.
Mais le mot de la fin revient peut être à trois jeunes sympathisants du nouveau mouvement, « 1er juillet », alors qu’ils quittaient le meeting. Au bord du lac ils s’interrogeaient sur la nécessité réelle pour Benoit Hamon de quitter le parti socialiste, et des difficultés financières supposées du PS – des rumeurs ayant évoqué la vente du siège marseillais. Décidément aujourd’hui pour la jeune génération, et peut-être d’ailleurs pour l’ancienne, au PS tout semble n’être que question de finances plutôt que d’idées et de principes.