News, Politique 06/01/2017

Sylvia Pinel, un programme à dominante entrepreneurial

by Rédaction

Arrivée avec quelques minutes  de retard dans un tailleur rouge impeccable,  Sylvia Pinel, seule femme aux Primaires du Parti Socialiste, débuta sa conférence de presse d’une voix monocorde, son regard semblant plus attiré son texte ou par les dorures du plafond du petit salon de l’Hôtel particulier Amelot de Gournayque à la Maison de l’Amérique Latine que par les journalistes présents.

La candidate, Présidente du plus ancien parti de gauche en France, comme elle a souhaité le rappeler, égrena avec distance la liste des mesures destinées à illustrer l’intitulé de sa campagne « De l’Audace pour la France ». Les différents thèmes abordés lors de la lecture de son programme semblent plus un manifeste destiné à faire entendre la voix différenciée du Parti des Radicaux de Gauche, qu’à la positionner dans la compétition des présidentielles.

Dans ce programme figure une nette composante de projets et mesures dont le thème central repose sur la fiscalité des entreprises, avec une remise en cause du principe de prélèvement des cotisations familiales, actuellement payées par les entreprises, dont il est prévu qu’elles dépendent à l’avenir de l’assiette générale des impôts .

A cela s’ajoute en principal une analyse du taux d’imposition de 33,33% pour les sociétés, l’un des plus forts d’Europe. Son analyse du taux actuel l’a conduite à y voir un facteur dissuasif pour les entreprises désirant s’installer en France, et conclure à la nécessaire remise à plat de la fiscalité des entreprises. Cette remise à plat se structure autour d’une assiette de taxation au niveau mondial, et sur l’ensemble des profits réalisés visant en fin de compte peu ou prou les plus grandes sociétés. Ceci permettrait ainsi de réduire ce taux à un taux nominal d’imposition sur les bénéfices à 20% pour l’ensemble des sociétés.

Sylvia Pinel envisage aussi de supprimer le CICE, qu’elle considère comme difficilement lisible pour un grand nombre de TPE, et plus favorable à l’optimisation au sein des grands groupes. De même est envisagée une mesure de compensation salariale  pour les salariés d’entreprises en difficultés  en cas de retour à meilleure fortune. L’Europe n’est pas absente des préoccupations de Silvia Pinel, bien qu’elle soit restée évasive en annonçant que  des mesures doivent être prises en vue d’une relance de la construction européenne. Parmi les autres mesures présentées dans son programme figure aussi la légalisation du cannabis qu’elle considère comme un exemple de la capacité du PRG à faire des » propositions innovantes sur le terrain sociétal ».

Après la traditionnelle séance des questions de la presse écrite, Sylvia Pinel fut par contre beaucoup plus dynamique et souriante face aux caméras. Avec plus de mordant, elle évoqua alors « la relance indispensable « , « la nécessité et la singularité du message du PRG », car son  « expérience personnelle lui permet d’être lucide sur la nécessité d’améliorer encore cette égalité femmes-hommes, dans la conquête de droits nouveaux pour les femmes, comme le droit à la procréation médicale pour toutes les femmes sans condition ». Elle insista sur le créneau féminin en constatant  » qu’en matière salariale il y a encore trop d’injustice en la matière ».

Sylvia Pinel a également tenu à « saluer » François Hollande pour « avoir nommée une ministre en charge du Droit des Femmes ». Et quand  « c’est le temps du débat », elle souhaite  » parler de son projet, de ses convictions ». A la question « Pourquoi les électeurs voteraient-ils pour elle? » sa réponse est simple: « J’ai un programme extrêmement moderne sur l’économie qui permettrait une relance forte de notre activité, donc des créations d’emploi, préoccupation majeure de nos compatriotes. J’ai la volonté farouche de défendre la République et ses services publics, et un engagement profondément européen, puisque l’Europe est nécessaire pour lutter contre le terrorisme, répondre à la crise des réfugiés, nécessaire pour notre développement économique et la protection de notre environnement ».

Toutefois la lecture du programme de Sylvia Pinel et du PRG fait apparaître très peu de chiffres. Il ressemble plus à un catalogue de mesures de bonne gouvernance, qu’à un ensemble financièrement équilibré de décisions potentiellement applicables, pas de lignes budgétaires destinées à les financer. Mais, comme la Présidente du PRG l’a annoncé, « l’approfondissement de son programme sera fait au second tour. »

Jean Cousin

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