Take Off Mimmo Rotella

by Rédaction

Ce qui est frappant dans l’oeuvre de Mimmo Rotella,  c’est la modernité de son travail. En effet dès les années 50 il s’attacha à reprendre les affiches qui se trouvaient collées aux alentours de son domicile. Fasciné par le double sentiment de voir ce qu’il y a en dessous, et de révéler ce qui était caché, il s’attacha non pas à récupérer des affiches dans leur unicité propre, mais plutôt dans leur multiplicité. Et les affiches ainsi sorties de leur contexte font apparaître au gré des déchirures la qualité poétique de celles-ci, liée à la surprise qui peut naître des affiches précédentes. Parfois il s’agit de réunir sur une toile une demi-douzaine de fragments d’affiche lacérée, de forme polygonale irrégulière,  polychrome, et d’aspect abstrait. L’assemblage fournit ainsi une matière et une grande qualité picturale à ce travail. Rotella aimait aussi se faire photographier dans des tenues parfois extravagantes alors qu’il accomplissait son acte créatif qui consistait d’abord dans l’acte d’arracher les affiches. Mais aujourd’hui ce qui fait la qualité et l’intérêt de son travail, c’est l’ensemble de la symbolique représentée par ces affiches à jamais disparues, qu’il s’agisse d’affiches de Kennedy, en passant par les publicités Fiat, des annonces pour des cirques, ou des annonces de publicité de marques passées. La seconde qualité de ce travail vient du sentiment engendré par la réapparition de tout ce monde à jamais perdu. L’oeuvre de Rotella tend à construire un système intellectuel de ce que l’on peut décrire comme « l’éclipse du sujet » qui se manifesta dans la littérature européenne de la seconde moitié des années 50 avec les oeuvres littéraires d’Alain Robbe-Grillet et  celles de l’école du regard avec Michel Butor et Nathalie Sarraute. Ainsi, Mimmo Rotella participa à l’évolution de la nouvelle communauté d’artistes qui constitue le milieu littéraire cinématographiques et théâtral dans les années 60, et prospère autour des studios de la RAI TV de Rome et de  Milan et de Cinecittà.

Aussi après avoir choisi des éléments picturaux, Rotella essaye une  technique du compte -rendu photographique dans la production de « reportages » de type socio-politique ainsi qu’une reconstitution de ses  travaux qui ont pour origine l’utilisation de feuilles préimprimées  collées sur la toile, et qui joints à la  plastification de celle-ci permettent à de nouvelles oeuvres d’apparaitre.

Forks magazine © Forks 2012

Exposition visible à la galerie Tornabuoni Art, 16 avenue Matignon 75008 Paris

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