The Meeting d’Emmanuel Macron est-il une prise de risques ? Samedi après-midi, à l’Arena, à Paris-la-Défense, le candidat président fait son unique meeting pour la campagne du premier tour. Le one shoot peut comporter des risques. Ambition, ambiance à l’américaine, groupe de musique, écrans géants, salle comble. Tout est là pour confirmer sa position dans les sondages. Après la présentation de son programme à la presse, une quinzaine de jours plus tôt, l’enjeu est de taille. Il lui est nécessaire d’arriver le plus largement possible en tête au premier tour. Présenter, défendre un bilan, proposer un avenir: un exercice délicat ...
La salle est » chauffée » comme pour un match sportif, groupe de musique, écrans surdimensionnés où défilent slogans et différentes interviews de » français » s’exprimant sur leur vécu, puis la première intervention d’Emmanuel Macron avec un clip sur lequel le candidat reprend le parcours de la campagne qui l’a mené au pouvoir. Une présentation de l’équipe qui l’a soutenu en 2017, accompagnée d’une présentation succincte des objectifs politiques développés en 2017, à savoir changer le cours de la politique et dépasser le clivage gauche/droite. Et Emmanuel Macron conclut en remerciant les soutiens de sa première campagne. Mais, nombre de ces soutiens étaient absents du carré réservé aux politiques mis en avant. La place a été plutôt donnée à des transfuges, avec le plus récent, Christian Estrosi. Et Emmanuel Macron de déclarer aussi que des ministres du gouvernement n’était pas à ses côtés lors de la campagne de 2017.
Une prime de 6000 euros sans charges, ni impôt, pour cet été
Un meeting propre, sans faille, ni voix qui dérape. Le candidat a choisi la prudence. Il a également fait fi de certains problèmes structurels, comme la simplification administrative, les problématiques liées au tout-internet pour les relations avec l’administration, les problèmes liés aux moyens engagés pour la justice. Dans son discours, le mix entre passé, présent, futur est permanent. Tout est étroitement imbriqué: de la présentation de mesures politiques mises en œuvre durant le quinquennat -comme la suppression de la taxe d’habitation- à la présentation des mesures et objectifs de campagne. Emmanuel Macron en déclarant » Quelques mots à la cavalcade « , synthétise le déroulé de son discours : un projet de solidarité, des programmes sociaux, le travail avec lequel on gagne plus, une prime de 6000 euros sans charges ni impôt pour cet été, la création du compte-temps universel, 1100 euros au minimum pour une retraite lorsque le temps de cotisation est complet, une revalorisation des aides aux femmes avec enfants, des aides pour les travaux des logements les plus démunis. Puis, les enfants, les oubliés, un grand projet, l’extension du congé parental. Et protéger les enfants de tous ceux qui, dans des silences trop longtemps gardés, ont connu le pire.
Éducation Nationale
Dans son discours, le candidat mixe le passé et le futur, en particulier sur l’éducation. Le bilan du ministre Blanquer n’est pas bon. Mais, le candidat affirme qu’il y a là » Une raison de vivre notre culture « . Désaveu de l’action du ministre de l’Éducation nationale. A propos des enseignants, Emmanuel Macron constate ‘nous leur avons tant demandé, et je tiens à les remercier. Ils seront mieux rémunérés et libres d’innover, libres de choisir un établissement, et de s’extraire d’un cadre géographique. De permettre de réaliser des solutions innovantes. On vous dira que c’est impossible, alors puisque c’est impossible, nous le ferons « . En cas de victoire, la perspective d’être présent dans le prochain gouvernement s’éloigne-t’elle pour Jean-Michel Blanquer, qui donne le sentiment, à la fin du meeting, d’avoir subi un » blast « ?
Le système de santé
Les hôpitaux ne sont pas oubliés, mais s’agit’il réellement de mesures ou d’intentions vraiment innovantes? Le candidat déclare » Applaudissez nos soignants « , puis égrène des intentions et promesses de campagne. » Nous lutterons contre le Covid long… le désert médical, l’inégalité dans le système de santé (…) Nous mettrons en place un programme de prévention, nous mettrons en place des diagnostics, c’est un investissement dans l’humain. Il y a le bon sens et la volonté, il faut peut-être se réorganiser, pour donner plus de responsabilités, décloisonner notre organisation, inventer, innover, pour que des jeunes médecins s’installent dans des quartiers difficiles. Le système viendra nous dire que c’est impossible et nous le ferons « .
Tel un général à la veille d’une bataille, il harangue ses troupes, courant de pupitre en pupitre.
Impôts et finances
« Il n’y a pas d’argent facile, il n’y aura pas de hausse d’impôts, ni d’augmentation de la dette ». Emmanuel Macron énonce » Nous tiendrons nos objectifs, et nous baisserons notre dette à partir de 2026″ … Dans » une France qui produit, qui travaille, il faudra travailler plus et plus longtemps, car nous vivons plus vieux. Nous devrons passer notre retraite à 65 ans de manière progressive ». A l’annonce de cette mesure les applaudissements faiblissent. L’ objectif du plein emploi est fixé à cinq ans. » C’est pour cela que nous continuerons de modifier l’assurance-chômage et la mise-en-œuvre en contrepartie du RSA. en tendant la main, pour ne pas ‘laisser les gens au bord du chemin’. Comme but » l’humanisme au service du progrès ». Une constatation: » les réseaux sociaux isolent « .
Afin de répondre aux polémiques récentes, le candidat président met en avant les dispositifs récemment mis en œuvre par l’Europe, des mesures destinées à un règlement d’imposition minimale pour les sociétés, dont les GAFAM, en l’assimilant au dossier McKinsey. En matière de défense » nous réaffirmons le service militaire universel ». Les » nouvelles menaces du Cyber » ne sont pas omises, ni l’évocation de la puissance diplomatique de la France, et sa place dans le concert des nations. Et d’affirmer » nous poursuivons une politique indépendante » car » le rôle de la France est de ne pas s’enfermer dans un système » . Tout en évoquant qu’il existe une volonté diplomatique car » l’ordre doit être repensé » et » nous continuerons de nous engager pour que notre Europe avance ».
Tel un général, haranguant ses troupes à la veille d’une bataille, Emanuel Macron court de l’un à l’autre des trois pupitres disposés sur l’estrade. Il a choisi de pas répéter l’erreur de Nicolas Sarkozy et des meetings multiples. Mais, un seul meeting, n’est-ce pas un temps trop court pour être en position de force pour le second tour?