Maître du cinéma japonais
Il aura fallu attendre plus d’une vingtaine d’années après sa mort en 1963 pour qu’Onu cinéaste japonais très connu dans son pays soit publiquement reconnu en France. Ce cinéaste des analyses des infimes moments du quotidien et des tropismes de la famille, Ozu,le maître des « films immobiles » était considéré par ses compatriotes comme un cinéaste dont les oeuvres étaient exclusivement destinées à la compréhension et au public japonais.
Le classicisme japonais
Mais, même si les réalisations de ce cinéaste apparaissent aujourd’hui comme les porte-parole privilégiés du classicisme japonais, les thématiques développées et les actions parfaitement maitrisées témoignent d’une acuité et d’une contemporanéïté également accessibles au spectateur occidental. La raison en est peut-être la technique cinématographique pratiquée par Ozu, une technique qui semble réduite à sa plus simple expression. La sobriété de l’image, le choix d’un plan constant, le refus de la parole inutile sont devenus immédiatement reconnaissables.
Ce qui anime les personnages d’Onu
Aux yeux des personnages d’Onu la vie n’est qu’un espoir, un jeu ou l’histoire d’une désillusion. Il en va ainsi uniquement parsqu’il est conscient de la comprendre ainsi. Chez Ozu, même les sots ont de leur propre personnalité une vision perspicace; quant aux sages, ils sont souvent d’une lucidité extrême; ils savent quel type d’individus ils sont, quelles sont leurs limites, à quelles ambitions ils sont en droit d’aspirer. Cette lucidité inhabituelle, bien sûr, ne les met pas à l’abri d’aveuglements passagers ou d’errances illogiques, mais elle est à la source de la vision ironique qu’a le personnage de sa propre existence. Le personnage d’Onu est engagé, il n’est pas pour autant pris dans l’engrenage. Sa lucidité ne le conduit pas au cynisme mais a pour principal résultat l’instauration d’un équilibre vital qui lui autorise une vision claire du monde et de sa place dans le monde, qui le mène a accepter sans exaltation ses propres capacités.
Analyse de la structure familiale japonaise
Par ailleurs son analyse de la structure familiale japonaise ne se réduit pas à de seules qualités documentaires. Sous les froissements du tissu quotidien japonais se lisent des préoccupations universelles. La singularité de travail de ce réalisateur qui se sentait toujours rassuré d’avoir achevé son scénario. Chishu Ryu en donne l’explication:« Ozu avait l’air toujours très heureux d’avoir terminé le scénario car une fois le scénario achevé, ce qui prenait bien 4 mois environ, il avait déjà en tête chaque image, chaque plan, si bien qu’une fois sur le plateau il ne changeait plus une seule ligne du scénario. Et le dialogue était si précisément déterminé qu’il ne laissait pas passer la moindre erreur«.
De par cette rigueur et cette maîtrise Ozu est considéré comme le plus japonais de tous les cinéastes japonais. De fait il n’a pas tant marqué son oeuvre du véritable « goût japonais« , il a surtout imprimé ses films d’une réelle volonté de conscience héritée d’une tradition culturelles plus de plusieurs millénaires.
Jean Cousin
Copyright Forksmagazine 2014
Carlotta édite une édition rare des films suivants:
COFFRET OZU EN 14 FILMS ET 1 DOCUMENTAIRE
Le Fils unique / Il était un père / Où sont les rêves de jeunesse ? / Une femme de Tokyo
/ Histoire d’herbes flottantes / Récit d’un propriétaire / Printemps tardif /Crépuscule à
Tokyo / Choeur de Tokyo / Une auberge à Tokyo / Été précoce / Le Goût du riz au thé
vert / Printemps précoce / Voyage à Tokyo.
En coffret 12 DVD collector le 25 avril 2014
Les oeuvres de Yasujiro Ozu présentées à la cinémathéue seront, en plus du documentaire « Ozu aujourd’hui »:
Une auberge à Tokyo
Bonjour
Le Choeur de Tokyo, Coeur capricieux
Combats amicaux à la japonaise, Femme d’une nuit
Crépuscule à Tokyo, La Dame et les barbes,
La Dame, qu’a-t-elle oublié ?
La Danse du lion, Une Femme de Tokyo
Dernier caprice, Un dimanche avec… les gosses de Tokyo,
Eté précoce, Femmes et voyous,
Le Fils unique,
Fin d’automne,
Fleurs d’équinoxe,
Les Frères et les soeurs Toda ,
Le Galopin, L’Amour d’une mère
Gosses de Tokyo ,
Le Goût du riz au thé vert,
Le Goût du saké,
Herbes flottantes, Histoire d’herbes flottantes, Il était un père,
J’ai été diplôme, mais…, J’ai été recalé, mais… ,
Jours de jeunesse,
Où sont les rêves de jeunesse ?,
Une Poule dans le vent,
Printemps tardif,
Récit d’un propriétaire,
Seishun Hoka Go ,Tsuneo Hatanaka,
Les Soeurs Munakata ,
Tokyo-Ga – Wim Wenders,
Va d’un pas léger.