Prudence et garantie est une devise qui s’applique en priorité aux placements financiers, mais celle-ci semble être aussi la principale préoccupation des maisons d’édition pour cette rentrée littéraire de septembre 2010. Les principaux éditeurs ont choisi soigneusement titres et auteurs dans une palette convenue de thèmes qui aborde le récit intimiste, l’historique, le thriller social, ou l’analyse sociale . Si nous nous référons au nombre de titres parus, les 701 nouveautés représentent la plus importante sortie de livres présentée au public depuis près de trois ans. Bien évidemment nous ne pouvons pas ne pas citer dans ce ras de marée médiatique (qui n’en parle pas?) Michel Houllebecq La carte et le territoire (Flammarion). D’autres titres aussi briguent un succès futur en s’attachant aux pressions dans les entreprises. Ce sujet, qui ne fut pas l’un des moindres de ces derniers mois, est habilement exploité par Philippe Claudel dans son ouvrage L’enquête qui exploite la trame des suicides au sein des grosses sociétés multinationales (Stock). Pour ne pas abandonner ce nihilisme moderne qu’est le suicide, le romancier Olivier Adam nous y plonge avec Le coeur régulier (L’Olivier) situé au Japon. La vision reste toujours aussi pessimiste , avec une évocation du côté obscur de l’histoire de l’Europe avec Alain Fleisher dans son roman Imitations (actes Sud). Il n’en demeure pas moins que dans quelques mois les espoirs de certains se seront accomplis, mais que les succès auxquels tout le monde croyait ne seront vraisemblablement pas ceux soigneusement entretenus par le marketing. Mais c’est la condition sine qua non pour que des auteurs puissent écrire des livres différents, et toujours plus intéressants, sur lesquelles nous reviendrons dans les prochaines semaines afin de les présenter.
