Dans le cadre du développement de nouveaux espaces consacrés au département des Arts de l’Islam, le Musée du Louvre a invité pour trois années consécutives l’artiste Walid Raad.
L’exposition « Préface à la première édition » et la publication de « Préface à la troisième édition » constituent le premier volet de cette carte blanche. Faisant suite à un projet commencé en 2007 , Scratching on things I coule disavow, cette exposition aborde les collections du département des Arts de l’Islam sur le mode d’une réflexion critique sur la notion de document et sur la façon dont cette collection peut être appréhendée. Cette méditation visuelle et narrative donne à voir l’invisible d’oeuvres du passé et les rend accessibles aujourd’hui non seulement aux artistes mais aussi à tout visiteur. Travaillant sur les ombres les reflets, les marges, les incertitudes optiques, les ruptures d’échelle Walid Raad transforme, tout en le conservant, chaque objet, le met en scène, le projette. Son travail se porte aussi bien sur l’architecture que sur l’objet en lui-même.
La première installation, dans la Salle de la Maquette, aile Sully du Louvre, s’appuie sur une lumière évolutive et donne vie à une architecture flottante. Dans une frise intermittente apparaissent les portes des grands musées internationaux. Les projecteurs dupliquent sur les cimaises et le sol des signes, des ombres qui introduisent dans une dimension à la fois présente et absente. L’ombre s’allonge, se déforme et donne un nouveau sens.
En contrepoint avec ce travail sur un élément architectural, Walid Raad, dans « La préface à la troisième édition », travaille sur les objets et se concentre sur les oeuvres auxquelles il eut accès dans le département des Arts de l’Islam, oeuvres photographiées par Hughes Dubois. À partir de ces images l’artiste crée de nouvelles visions, de nouveaux objets selon un inventaire personnel. La forme d’un poignard mongol devient habitée par une reliure iranienne du XVIIIe siècle à décor floral. Une tête princière en ronde-bosse réalisée au XIIe siècle s’inscrit dans le découpe d’un bol du 15e. Un objet se glisse dans un autre, les images se traversent, les fonctions premières se dématérialisent et apparaissent en énigmatiques méditations visuelles. Ces nouvelles images deviennent porteuses d’ombre et donnent à voir de nouvelles traces, de nouveaux référents. L’illusion devient réelle et la réalité de l’objet devient illusoire.
En invitant Walid Raad, le département des Arts de l’Islam conjugue chefs-d’oeuvre du passé et création d’aujourd’hui, sur le mode de l’énigme, d’une énigme chargée de références que le spectateur peut déchiffrer ou qu’il sera amené à revisiter.
Walid Rad, Préface à la première édition, Musée du Louvre, Salle de la Maquette, aile Sully, Du 19 janvier au 8 avril 2013.
Dominique Grimardia
Copyright Forks 2013.