Dans le monde l’art et des galeries les choses évoluent doucement, les galeries-photo n’échappent pas à la règle. Et pourtant une nouvelle dimension apparait : de plus en plus de galeries d’ un concept novateur apparaissent. Les galeries Yellow Corner, par exemple, présentent de grandes tirages, des livres, un environnement différent et la volonté d’aborder sous un autre angle la culture photographique contemporaine. Parler d’une enseigne n’est pas une priorité du magazine Forks. Trop souvent les notions de créativité et d’art ne sont que prétextes à un merchandising de pure opportunité. Plus explicitement la création y est un alibi. Dans les cas de Yellow Corner et de ses créateurs, Jacques et Marc, ce ne fut pas le cas. En créant en 2006 Yellow Corner , ils avaient pour ambition de réussir leur business-plan conçu sur une grande ambition culturelle: diffuser des photos originales en tirages limités selon les formats, et illimités en format 24*36, plus une série Collector plus exclusive tirée sur papier baryté le « must du must ».
A cette fin ils ont créé 9 départements: Sport, Mode avec des séries originales de photos qui n’ avaient pour la plupart jamais été montrées au public. Cette volonté d’être plus qu’un simple lieu de vente de produits, certes différents, les a conduits d’une part à créer des cours sur l’histoire de la photographie, mais aussi une activité d’édition avec des porte-folios sur des photographes ou encore un livre tiré à seulement 2000 exemplaires en noir et blanc. Pour réussir ils s’appuient sur un réseau de cent boutiques, de Munich à Berlin, en passant par NewYork et Paris, un nombre qu’ils envisagent de porter à cinq cents.
Marc, co-fondateur de Yellow Corner, est un passionné de photographie et de musique aux goûts éclectiques. Il nous fait partager son goût pour l’image et la création lors de son interview:.
Quand vous est venue l’idée de créer Yellow Corner ?
A l’origine j’étais un amateur -photo éclairé, dans la mesure où j’avais eu la chance d’avoir un labo photo personnel. Je vivais alors à la campagne où il n’y avait pas de problème de place. J’étais très Rollexflex, J’ai eu un Sl 35 E. Et puis j’ai été Contax. Pourtant, malgré ma passion pour la photo, j’ai fait une école de commerce, et suivi un troisième cycle en droit des affaires européen.C’est lors de ces études que j’ai rencontré Mar Antoine, lui aussi passionné de photographie. C’est à ce moment que nous avons commencé à réfléchir à une démocratisation de la culture photographique. Lors de mes études d’économie j’ai travaillé pour un organisateur de concerts de musique classique et de spectacles vivants., qui montait de Tokyo à Rio en passant par Lisbbonne. Je me suis rendu compte qu’il y avait un engouement formidable si on présentait bien les choses pour quelque chose qui paraissait très élitiste. Et quand vous faites bien les choses, bien et différemment, il est intérressant de voir l’engouement du public. J’ai donc cherché à transposer ce genre d’initiative culturelle de la musique à un autre domaine. C’est ainsi que nous avons constaté qu’il y avait un engouement très fort pour la photographie, mais le côté élitiste des galeries et les prix très forts pratiqués par celles-ci étaient un frein à une plus large diffusion.
Comment procédez-vous pour le choix des photographes ?
Nous avons créé 9 familles: Sports et Techniques, Mode… Nous les alimentons grâce à des agents-photos ou par des curateurs qui, de par le monde nous envoyent des jeunes talents et au final nous faisons la sélection. Nous recevons en outre 40 à 60 candidatures de jeunes photographes sur Internet.
Nous essayons de diffuser la photographie sur trois axes: la vente de photos en trois formats le plus grand 1 m par 1m 50 à 250 exemplaires, le format moyen 60 par 90 cm en 500 exemplaires et le petit format.
Mais ce n’est par votre seule action?
Nous avons développé un deuxième axe: nous lançons des conférences photographiques. L ‘idée est de rentrer dans l’histoire des grands photographes plutôt que dans la technique , avec la volonté par la suite de les diffuer massivement par Internet.
Le troisième axe, c’est l’édition en créant Yellow Corner Editions. Nous venons de sortir le premier livre de cette nouvelle collection avec un ouvrage dont le tirage est limité à 2000 exemplaires, 5 kilos, signé par l’auteur et pour un prix de 120 euros.
Le rapport avec les photographes est-il privilégiè ?
L’idée c’est d’apporter vraiment une complémentarité aux photographes par rapport au print lambda, que l’on peut trouver dans les galeries. Nous avons créé à cette fin une édition de portfolios d’une centaine de pages avec un interview du photographe., c’est ainsi leur premier livre, pour ensuite évoluer vers d’autres formats. Nous cherchons aussi à privilégier le rapport avec la musique et les jeunes musiciens: la bande-son dans nos boutiques est par exemple composée à partir de morceaux des groupes Electro, Rhone, ou Mahomé, une jeune pianiste chinoise. Pour nous c’est le premier pas vers la diffusion musicale.
Que proposez-vous au photographe ?
Tout d’abord une belle visibilité. Nous avons à ce jour cinquante galeries dans le monde, nous sommes présents à NewYork, à Los Angeles, à Berlin.