Les voeux du président de la République aux Français le 31 décembre sont toujours l’occasion de faire un point sur la situation et les objectifs politiques. Pour ceux-ci Emmanuel Macron fait preuve d’une prudence et d’une humilité rare en politique en déclarant :
« Les cérémonies de vœux ont ceci de singulier : elles obligent à parler d’un futur qu’en vérité on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter, avec nos forces et nos faiblesses, mais en pays uni. »
Doutes et difficultés de pouvoir prédire un cadre stable et précis tant économique que géopolitique, pour la France : « Je repense aux vœux que je vous présentais à la même heure, il y a un an. Qui aurait imaginé à cet instant, que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis ? La guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie ; des dizaines, peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires. Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »
Le plein emploi fait toujours référence aux taux de chômage des années 60, lorsque celui-ci était alors inférieur à 2%.
Mais parallèlement à cette vision d’une situation internationale instable de nature à rendre une analyse prospective de la situation économique nationale sans visibilité certaine, Emmanuel Macron s’attache à confirmer la continuité de son action sur deux réformes: celle de l’assurance chômage et celle de la retraite. Continuité, puisque des mesures depuis trente ans sont régulièrement mises en oeuvre avec pour objet de redéfinir et diminuer les prestations des chômeurs et retraités. Pour justifier de cette impérieuse nécessité, le Président annonce: « Devra-t-on travailler plus longtemps en 2023 ? Là aussi, comme je m’y suis engagé devant vous, cette année sera en effet celle d’une réforme des retraites qui vise à assurer l’équilibre de notre système pour les années et décennies à venir. Il nous faut travailler davantage, c’est le sens même de la réforme de l’assurance chômage qui a été portée par le Gouvernement et votée par le Parlement. C’est aussi le sens de cette réforme sur lequel les partenaires sociaux et le gouvernement, vont travailler dans les mois qui viennent pour finir de mettre en place les nouvelles règles qui s’appliqueront dès la fin de l’été 2023. L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacé, car nous continuons de financer à crédit. Pour se faire, l’allongement de nos carrières de travail sera progressif, il se fera par étapes sur près de dix ans. Il sera aussi juste, en tenant compte des carrières longues, des carrières hachées, de la difficulté de certaines tâches, de certains métiers. Mais c’est cela qui nous permettra d’équilibrer le financement de notre retraite, dans notre pays, et c’est une chance, où l’on vit plus longtemps, d’améliorer la retraite minimale pour toutes celles et ceux qui ont travaillé pour avoir leurs trimestres, et de transmettre à nos enfants un modèle social juste et solide, parce qu’il sera crédible et financé dans la durée. »
De même, pour les retraites, des améliorations pour le marché de l’emploi en faveur des seniors existent.
Mais là où le bât blesse, c’est que chômage est loin d’être circonscrit. Evoquer en juin par Emmanuel Macron, ce paradigme de placer le curseur du plein emploi à 5 % pose deux problèmes. Il est d’une part, pour l’instant, difficile à obtenir. D’autre part, le plein emploi fait toujours référence aux taux de chômage des années 60, lorsque celui-ci était alors inférieur à 2%. Avoir pour objectif un chômage de 5% est une excellente objectif. Mais déclarer que celui-ci correspond au plein emploi est peut-être excessif.
De même, pour les retraites, des améliorations pour le marché de l’emploi en faveur des seniors existent. Toutefois il est raisonnable de constater qu’ à ce jour, en aucun cas, les chômeurs de plus de 55 ans ne sont une priorité d’embauche pour les DRH.
Les voeux d’Emmanuel Macron pour 2023 ne sont pas ceux d’une déclaration de politique générale pour le mandat des cinq ans à venir, mais plutôt de l’évocation de la feuille de route des prochains six mois du gouvernement.
A lire aussi :https://www.forks.fr/vote-lr-un-resultats-a-couteaux-tires/